Le paradigme ergologique ou un métier de Philosophe
2-906769-69-X
Neuf
Yves Schwartz
Le paradigme ergologique ou un métier de philosophe présente une trajectoire intellectuelle qui, à travers des questions essentielles qui ont agité ces vingt-cinq dernières années, est conduite à retravailler certains chantiers fondamentaux du patrimoine philosophique et culturel.
Ainsi, à partir d'investigations sur les transformations du travail, les notions de « compétence », de « métier », de « collectif » … de questionnements sur l'approche du travail par l'ergonomie, la médecine, l'économie, le droit, la gestion, à partir d'interrogations sur la « formation professionnelle », la prévention, et, en fin de compte, sur les modes d'intervention dans la vie des autres avec en cible principale les situations de travail, l'ouvrage se trouve avoir à reprendre des questionnements plus généraux : le concept même de travail, les rapports entre « la technique » et le faire industrieux, entre le travail et le temps, le travail et le politique, la vie et les valeurs, la reconsidération des dialectiques motrices de l'historicité humaine.
Itinéraire qui veille à se ménager en permanence des confrontations avec les forces de rappel du réel, celles du présent, très largement, mais aussi, dans la mesure du possible, celles du passé, à travers des incursions dans la fabrication néolithique, le savoir du travail à l'époque de l'Encyclopédie, l'industrialisme alsacien au XIXème siècle, l'histoire de la thermodynamique… Cette énigme de l'activité humaine, à laquelle renvoie le terme plus général d'« ergologie », se manifeste au fur et à mesure des investigations comme productrice d'un inconfort intellectuel permanent et fécond, dans la mesure où elle conduit à reformuler les rapports entre l'éthique, l'épistémologie, et la vie : qu'est-ce que connaître l'activité humaine ? En quoi ce processus de connaissance est-il distinct de celui qui opère dans les sciences de la nature ? Quelles sont les deux disciplines ou ascèses propres à la pensée conquérante, qui doivent néanmoins croiser leurs normes ?
La discipline du concept, la question de l'histoire des savoirs scientifiques, au nœud de ces croisements, expliquent la présence dans cet ouvrage de textes orientés sur l'histoire des sciences. Par rapport aux tâches du présent, qui requièrent des synergies entre les savoirs et les valeurs en débat dans toute activité vivante, quel régime de production de connaissance peut articuler les exigences de ces deux disciplines ? Quelle présence en son sein des divers protagonistes ? Et si ces interrogations requestionnent l'activité philosophique, dans quelle mesure et jusqu'à quel point le « paradigme ergologique » qui les suscite peut ré-interroger le « métier de philosophe » ?
Le paradigme ergologique ou un métier de Philosophe rassemble trente quatre textes qui, organisés en sept parties ayant chacune sa cohérence et sa présentation propres, cheminent à travers ces questions en élaborant progressivement une série de concepts qui essaient d'en construire une démarche d'approche. Ces textes sont précédés d'un substantielle introduction : le constat d'un maintien paradoxal aujourd'hui de la notion de « métier », sous la forme définie dans ce texte comme « métier en souffrance », permet de rappeler au travail du philosphe sa mission d'enquêter en permanence sur ce qui est précisément en souffrance, en attente de conceptualisation, dans l'activité de ses semblables ; faute de quoi, il réduirait la portée des questionnements susceptibles de se confronter et de renouveler le patrimoine de la philosophie. Une non moins substantielle conclusion ferme cet ouvrage, où, en appui sur l'ensemble des textes, développant plus particulièrement les notions de « corps-soi », de « dramatiques d'usage de soi », et après un bref débat avec les neurosciences, se dessine la nécessité d'une "ergologie", et se précise ce qu'on pourrait appeler son cahier des charges. « Démarche », « approche », « discipline », « métier » : au terme il apparaîtra que ce cahier des charges définit l'ergologie comme un chantier, convoquant toutes sortes de compétences et d'expériences, dans un inconfort intellectuel toujours maintenu, auquel tout projet transformateur et de volonté non manipulatrice devrait sans doute se confronter.
Yves Schwartz est Professeur de philosophie à l'Université de Provence, membre de l'Institut universitaire de France, directeur scientifique du département d'Ergologie-Analyse pluridisciplinaire des situations de travail. Ce département a institutionnalisé dans l'Enseignement supérieur une structure apte à faire travailler ensemble des universitaires, chercheurs, étudiants de toutes disciplines, des professionnels et protagonistes de la vie économique et sociale, permettant depuis une vingtaine d'années de tester et d'approfondir certaines des thèses proposées dans cet ouvrage.
Préface - Invitation à travailler
François Daniellou
Introduction - Métier et Philosophie
1. De l’Ambivalence du Métier
2. Une dévalorisation dans le champ socio-politique
3. Qualification et Compétence
4. La « résistance » du métier
5. De l’obscure clarté d’une affirmation polémique - L’invisible synergie
6. L’adressage social et les « métiers en souffrance »
7. Des métiers d’une éducation « nationale »
8. Le métier de philosopher
9. Le paradigme ergologique ou un métier de philosophe
10. Conception de cet ouvrage
Bibliographie
Partie I - « Vers une démarche ergologique »
Introduction
Texte 1. « Ergonomie, philosophie et exterritorialité »
Partie II - Des normativités internes à la science à ses « altérités énigmatiques »
Introduction
Texte 2. L'enseignement de la thermodynamique en France : quelques repères
Texte 3. L'unité problématique de la Science et la notion de paradigme - Le cas de Duhem
Texte 4. Loi scientifique et contingence philosophique à la fin du XIXe siècle en France : de la « philosophie des étages » à l'idée d'histoire des théories scientifiques
Texte 5. Pratiques paternalistes et travail industriel à Mulhouse au XIXe siècle
Texte 6. L'impression sur étoffes en Alsace au XIXe siècle : une rencontre de l'histoire des sciences, de l'histoire des techniques et de l'histoire sociale
Texte 7. Travail et Industrialisation : éléments pour une histoire de la chimie des colorants
Partie III - Concept et valeur du travail
Introduction
Texte 8. L'énigme du changement :de l'expérience au concept, qu'est-ce qui change au plan du travail et de la/sa gestion ?
Texte 9. Sur le concept de travail
Texte 10. Peut-on parler « en général » de l'activité de travail ?
Texte 11. Penser le travail et sa valeur
Texte 12. Le travail change-t-il vraiment ?
Texte 13. Le travail a-t-il une valeur ?
Partie IV - Questions et investigations
Introduction
Texte 14. Le Travail comme expérience et les critères du taylorisme
Texte 15. La formation professionnelle : l'affaire de qui ?
Texte 16. Mise en savoir du travail et conceptions du peuple : des ambiguïtés de l'Encyclopédie aux premières « rationalisations » révolutionnaires
Texte 17. Prévenir, Soigner : le langage à l'ouvrage
Texte 18. Valeur linguistique, valeur marchande : métaphore ? Réflexions de synthèse
Texte 19. Circulations, dramatiques, efficacités de l'activité industrieuse
Texte 20. Travail et gestion : niveaux, critères, instances
Texte 21. Le juridique et l'industrieux
Texte 22. Kairos et compétence : questions autour de la technè platonicienne
Texte 23. De la qualification à la compétence - La qualification à la recherche de ses conditions aux limites
Texte 24. Les ingrédients de la compétence : un exercice nécessaire pour une question insoluble
Texte 25. Concordance des temps ? Le travail, le marché, le politique
Partie V - Interventions
Introduction
Texte 26. L'individuel et le collectif
Texte 27. L'expertise sociale
Texte 28. Conférence inaugurale du XXIXe congrès de la Société d'ergonomie de langue française
Texte 29. Travail, philosophie, éthique : quelle rencontre ?
Texte 30. La culture du risque et sa mise en œuvre complexe dans la gestion des dysfonctionnements
Partie VI - « En hommage » à
Introduction
Texte 31. Travail et technique chez Jean-Pierre Séris
Texte 32. L'objetologie chez François Dagognet
Partie VII - Synthèses
Introduction
Texte 33. De l'inconfort intellectuel ou : comment penser les activités humaines ?
Texte 34. Travail et Politique
Conclusion générale - Ergologue, est-ce un métier ?
Index des notions
Index des noms propres
Auteur | Yves Schwartz – Préface de François Daniellou |
Hauteur | 24 cm |
Largeur | 17 cm |
Poids (g) | 1330 |
Année | 2000 |
Nombre de pages | 800 |